Harry Brown
Réalisateur: Daniel Barber
Acteurs/Actrices: Michael Caine, Emily Mortimer, Iain Glen, Liam Cunningham.
Simple
histoire de vengeance sur fond de crise sociale en Angleterre, il sera
facile de comparer Harry Brown au récent (et très bon) Gran Torino de
Clint Eastwood et cette comparaison serait probablement en grand partie
justifiée, les deux films abordant les mêmes thèmes majeurs. Harry
Brown se démarque pourtant de son prédécesseur par une violence accrue
et un personnage principal bien plus extrême dans ses méthodes.
Michael
Caine est donc Harry Brown, septuagénaire tranquille et ancien SAS, qui
va tout perdre en l’espace de quelques jours voyant sa femme succomber
à la maladie et son dernier et meilleur ami, Len, tué par une bande de
voyous qui le harassaient depuis quelques temps. Barber a fait le choix
de la lenteur en début du film, prenant son temps pour nous exposer
avec pudeur l’abrupte effondrement d’un homme en fin de parcours qui ne
peut plus se résoudre à garder pour lui ses frustrations face aux
injustices dont il est quotidiennement témoin. Bien lui en a pris,
puisque dès le début du film on ne peut que compatir avec Harry, malgré
l’extrême violence que ses actions ne maqueront pas d’engendrer.
N’attendez tout de même pas des scènes de combat au corps à corps ou
autre extravagances du genre, ici la violence est réaliste, poisseuse
et dérangeante.
Le tout est suivi par une caméra nerveuse mais
jamais confuse donnant à penser que Barber a tout ce qu’il faut pour
s’imposer comme une valeur sûre. Ce premier long métrage est en tout
cas de très bonne facture et reçoit les félicitations du jury ! A
confirmer.
Quant au portrait sans concession d’une Angleterre
urbaine au bord de l’explosion sociale, il en fera frémir plus d’un et
se pose comme un véritable cri d’alarme, certains quartiers étant
clairement présentés comme des zones de non-droit tout simplement
incontrôlables.
Michael Caine est ici superbe et ne devrait pas
être loin d’une nomination aux prochains Oscars, alors que le BAFTA du
meilleur acteur lui semble déjà promis. Il parvient à faire passer à
l’écran toute la fragilité d’Harry le vieil homme et toute la
détermination et l’expérience d’Harry l’ex SAS, formé à tuer avec une
aisance admirable et ne tombe jamais dans le piège de trop en faire.
Une performance de très haut niveau pour un grand acteur, un vrai.
La
trop rare Emily Mortimer et Iain Glen sont également très bons mais les
rôles secondaires sont assez peu développés dans l’ensemble et auraient
peut-être mérité un traitement plus en profondeur, d’autant que tous
sont diablement crédibles, le ou la responsable du casting ayant fait
son travail avec application. Ça n’a l’air de rien, mais de nos jours
c’est de plus en plus rare ! Cela mérite donc d’être signalé.
Peut-être
un peu trop simpliste pour être qualifié de chef-d’œuvre, Harry Brown
n’en est pas moins un excellent moment de cinéma, bien exécuté et joué
à la perfection. A ne pas manquer.
Note : 8/10
Allez, salut les gens.